Passer au contenu

Une nouvelle vie / Le précédent de Vivante dossier

1 de 3
Lettre du premier ministre Mackenzie King à l’actrice Ruth Draper, à propos de la libération de l’interné Arturo Vivante.

Lettre du premier ministre Mackenzie King adressée à l’actrice Ruth Draper, le 10 mai 1941. Mackenzie King fait part de la crainte du directeur de l’immigration à savoir que la libération de Vivante créerait un précédent pour les autres internés qui, à leur tour, voudraient être libérés au Canada.

– © Gouvernement du Canada. Reproduit avec la permission du ministère des Travaux publics et services gouvernementaux du Canada (2011).
Source: Bibliothèque et Archives Canada/Fonds William Lyon Mackenzie King/Bobine C-4862

Transcription

Le 10 mai 1941
Chère mademoiselle Draper:

D’entrée de jeu, permettez-moi de m’excuser pour le retard à répondre à votre gentille lettre du 29 avril dernier. Dès réception, je me suis empressé de demander un rapport concernant Arturo Vivante. Je tiens à vous rassurer que j’avais parfaitement confiance en vos propos à son sujet et que je désirais que le tout soit clos favorablement, et ce, le plus vite [écrit dans la marge au crayon] qu’il serait [dactylographié] possible.

Tel que prévu, une fois le rapport reçu, on me confirmait que les informations contenues dans votre lettre avaient été vérifiées selon les renseignements dont nous disposions, et qu’elles semblent tout à fait correctes. En fait, le cas de A. Vivante peut être défendu encore plus vivement. Son internement et déportation au Canada sont clairement le résultat d’une bévue.

La principale difficulté à ce temps, est que le département de l’immigration n’a permis l’entrée au Canada qu’aux réfugiés internés qui soit, ont des proches de premier degré au Canada ou encore dont les services pourraient être utiles pour tout travail relié à la guerre. Le directeur du service de l’immigration était réticent à l’idée d’aller au-delà de ces considérations, craignant de créer un précédent qui

[Deuxième page]
[Estampe] 256873
aurait pour conséquence la libération, au Canada, d’un trop grand nombre de réfugiés [une ligne dactylographiée par-dessus ] problèmes d’établissement et d’ajustement. J’ai pris sur moi cette affaire, et par lettre au ministre du département, j’ai souligné les nombreux points pour lesquels je crois le cas Vivante, exceptionnel. De plus, j’ai fait savoir au département de l’immigration que cette affaire me préoccupe et que j’entretiens l’espoir qu’elle sera résolue en toute justice sans plus tarder.

Bien qu’au moment d’écrire ces lignes, je ne peux promettre la libération de Vivante, je pense pouvoir aller jusqu’à dire que, en ce qui me concerne, j’ai bon espoir que cette affaire pourra être réglée en sa faveur et en la vôtre d’ici un jour ou deux.

Ainsi va la première déception parce que je n’ai pu répondre immédiatement et favorablement à votre lettre, en réponses à vos requêtes. Maintenant pour la deuxième déception qui, je vous assure, me touche profondément, est le fait que je n’ai pu assister à vos représentations à Ottawa, ni que je n’ai pu accepter la gentille invitation à vous rencontrer de Lady Redfern au Cottage Rideau, qui, pour moi, me fait revivre d’heureux souvenirs de notre rencontre là-bas, il y a un an ou deux.

Mon absence durant la semaine précédente m’a imposé beaucoup de retard dans mes obligations et avec la ré-ouverture du Parlement lundi, j’avais à préparer, ces derniers quarante-huit heures, parmi plusieurs autres dossiers, une revue de la situation aux Balkans. Que je n’ai pu, en fait, être capable de compléter

[Troisième page]
Estampe [256874]

3
jusqu’à ce que je prenne la parole à l’assemblée. J’ai dû seulement laisser de côté certaines parties dont j’avais l’intention de parler. Je peux vous assurer que j’aurais été prêt de faire n’importe quel autre sacrifice, à part ce devoir civil, afin d’avoir le plaisir de vous voir, de vous entendre et de vous parler encore une fois.

S’il m’avait été possible d’assister à l’une de vos représentations, j’aurais aimé vous exprimer, au nom du gouvernement et des Canadiens, notre profonde reconnaissance pour votre aide dans l’effort de guerre de notre pays.

Veuillez, par ces lignes, l’accepter et aussi l’assurance que le Canada en entier apprécie profondément votre générosité. Je me permets, par cette missive de me remettre à vos bons souvenirs et de vous souhaiter mes meilleurs voeux.

Mademoiselle Ruth Draper
66 %[en]East – 79th Street,
New York City
U.S.A%

MK/EH